L’abbaye au Moyen Âge

Alors que les moines cisterciens avaient l’habitude de construire leurs monastères dans des contrées non habitées et souvent plutôt détrempées, les religieuses se fixaient dans des endroits où existait déjà une église, près d’une grande route et avec de la main-d’œuvre à proximité.

L’abbaye d’Askeby se situe près d’une très ancienne voie qui conduit du port de Söderköping sur la côte Est jusqu’à l’intérieur des terres en Östergötland. À peine 1 km à l’est se trouvait un gué, qui est la raison pour laquelle la route passait juste devant Askeby. Le village devint de fait un petit centre où les chemins se croisaient. Ici se trouvaient déjà au XIIe s. l’un des domaines royaux ainsi qu’une église.

Askeby fut pourtant considéré comme « le monastère des perdants », autant au sens religieux que politique. Il avait déjà subi de nombreux dommages en son temps et fut pour finir complètement détruit après la Réforme. À la suite de la bataille de Stångebro (1598) qui lui permit de reprendre le pouvoir contre son neveu le roi Sigismond alors à la tête des forces catholiques, le régent protestant Charles organisa un procès et laissa exécuter en 1600 les chefs des principales lignées aristocratiques bienfaitrices du monastère. Ce sanglant épisode de la guerre civile, connu sous le nom de « massacre de Linköping », ouvrit la voie au duc vers le trône : Charles IX de Suède fut désigné roi en 1604. L’abbaye tomba petit à petit dans l’anonymat, les familles qui l’avaient soutenue ayant perdu le jeu politique. Le monastère fut rasé, les briques recouvrant les murs d’enceinte furent réemployées et le cloître fut transformé en aire de manœuvre pour les transports à cheval vers le grenier à céréales. Ce dernier fut arrangé dans les années 1770 à la place de ce qui était au Moyen Âge l’église paroissiale. L’aire de manœuvre fut ensuite élargie, ce qui eut pour conséquence la démolition de plusieurs parties du mur oriental du cloître. Il faut cependant mentionner que le grenier à céréales d’Askeby était bien utile pour la commune, et même d’une certaine importance. Pendant quelques décennies, le village fut ainsi un lieu de rencontres bisannuelles (l’une au printemps, l’autre en automne) pour les paysans de quatre cantons – ce qui constitua en quelque sorte un âge d’or pour la paroisse.